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vendredi 17 août 2007

Poème: Cri de désepoir

Nuit et jours par tous les temps il pleuvait
Pas de pluie pas de grêle pas de sable du désert

Le ciel me l’a-t-on appris est le domaine des anges
Le ciel me l’a-t-on répété est la terrasse des dieux

Quand j’y levais les yeux c’était pour une prière
Quand je baissais les yeux c’était tout confiant

Mais du ciel est tombé une pluie
Pas de grêle ni de sable

J’en ai plein les yeux
J’en ai plein le cœur

Serait-ce le résultat de nos irréparables péchés?
Serait-ce l’expression du céleste courroux ?

Du ciel est tombée une pluie
Une salve de plomb de fer et de feu

Des larmes rouges à flots coulent
Charriant cadavres enfants et femmes

Nature rasée
Village effacé

Effacé de la carte du monde
Dans l’indifférence complice de tous

On me parle de droits de l’Homme
On me parle de droits de l’Enfant

On me parle de foi
On me parle d’Espérance

Non
Non

Non
Merci !

jeudi 2 août 2007

LA MARIONNETTE, UN OUTIL SOCIAL AU SERVICE DU DEVELOPPEMENT

Introduction
Notre rapport avec le monde de la marionnette est relativement récent. En effet, c'est autour des années 90 que nous avons fait nos premiers pas dans ce monde mystérieux et fascinant, d'abord au sein du Théâtre de la Fraternité où le directeur avait pris l'initiative de créer une section " Marionnettes " et ensuite en Norvège où nous avons travaillé sous la conduite de monsieur Ole Brun Rasmussen, marionnettiste Danois de grande renommée. Avec lui, nous avons commencé par un échange épistolaire, qui a abouti à la production d'un ouvrage intitulé " Lettres à Hamadou sur l'univers du théâtre de marionnettes ", avant de poursuivre par une formation pratique à Agder Theater de Christiansand. Actuellement, nous essayons d'orienter notre action dans le sens de l'utilisation de la marionnette au niveau de l'éducation. Le présent exposé se veut une réflexion sur les potentialités de la marionnette en tant qu'outil social au service du développement. Considérant la nature de la marionnette et les compétences qu'elle requiert, sa maîtrise ne peut être absolue. Et c'est ce qui donne du sens à des échanges comme ceux que nous allons engager ensemble, qui sont avant tout des occasions de partage d'expériences. Notre analyse commencera par un rapide aperçu de l'histoire de la marionnette pour aboutir à ses différentes fonctions en passant par une évocation de la nature et des types de marionnettes que l'on rencontre couramment.

I- Aperçu historique
L'omniprésence de la marionnette sur tous les continents est un fait avéré même s'il paraît aujourd'hui difficile de dire quel continent a transmis cette culture à l'autre. Les historiens de l'art montrent à travers les recherches menées que la marionnette est universelle mais que sa nature et la grande fragilité des matériaux utilisés pour sa fabrication n'ont certainement pas permis de découvrir des vestiges dans certaines parties du monde ou encore de dater son avènement en d'autres lieux. Cependant, certains musées possèdent des marionnettes datant de l'antiquité. Ce qui montre que l'art de la marionnette est loin d'être une pratique récente. Quoi qu'il en soit on peut dire que les marionnettes ont été utilisées à des moments différents par divers peuples n'ayant pas forcement des liens connus. De l'Afrique à l'Amérique, de l'Asie à l'Europe, la marionnette a écrit à travers les âges une fabuleuse histoire. En Amérique, certains peuples amérindiens comme les Iroquois, les Ojibwais, les Ménominées sont connus comme utilisateurs de la marionnette. Les Iroquois, par exemple, utilisaient notamment des figurines articulées représentant des animaux. Au Mexique, des fouilles archéologiques récentes auraient permis de mettre à jour un bas relief réalisé durant la période d'invasion Toltèque entre 900 et 400 avant J.C. : celui-ci montre la figurine d'un marionnettiste animant une marionnette à gaine. Dans le monde primitif, elles sont des objets sacrés utilisés principalement à l'occasion de rites sacrés, épisodes importants de la vie sociale : naissances, initiations, mariages, rites funéraires, semailles et récoltes. En Afrique, les marionnettes participent à la cohésion sociale, mais elles sont aussi des intermédiaires privilégiés entre les ancêtres ou les dieux et les hommes aux prises avec les difficultés de la vie. En Egypte, des traces de poupées sacrées animées par des prêtres dans les temples de l'ère pre-chrétienne à l'occasion des fêtes religieuses ont été trouvées. On a aussi découvert, sur le site de la ville d'Antinoé, une barque de bois et d'ivoire ayant à son bord une cabine fermée par deux volets. Des fils servaient, par un mécanisme très simple, à ouvrir ces volets et à manipuler les figurines qui se trouvaient à l'intérieur de la cabine. C'était un petit théâtre de marionnettes. En Afrique, les manifestations de la marionnette restent encore fortement liées aux rites et rituels malgré leur utilisation à des fins de sensibilisation dans les campagnes de prévention contre les fléaux sociaux. En Asie, les KUYUSTA MAWASHI considérées pendant plusieurs siècles comme une manifestation dégradante, deviennent au Japon le fer de lance dans l'enseignement des vies de Bouddha, accédant ainsi à une place reconnue et valorisée dans la société. En Europe, et plus particulièrement en France et en Allemagne, ce sont les Romains qui auraient introduit les marionnettes durant la décadence de l'empire. A la fin du VII ème siècle, le Concile Quincex impose les représentations anthropomorphiques du Christ en lieu et place de ses représentations allégoriques traditionnelles, "Saint Thomas pensant qu'il était légitime et louable d'employer tout ce que Dieu a mis de puissance dans quelques génies privilégiés, pour élever la faible intelligence du vulgaire à la connaissance, en quelque sorte intuitive et palpable, des vérités éternelles" (Ch. MAGNIN). Par la suite apparaissent les premières marionnettes du monde chrétien appuyant les multiples légendes évoquant l'existence de "sculptures mécaniques" présentes dans les lieux de culte. Un historien anglais du nom de Lambarde cite l'existence d'un crucifix au monastère de Boxley, dont la tête et les yeux étaient animés de mouvements à l'aide de ressorts. D'autres témoignages attestent de la présence de crucifix et de petites madones mues par des ressorts et des fils au Moyen-Age. L'emploi fréquent de figurines mobiles dans les églises de la chrétienté se développe et s'accroît avec les siècles, illustrant l'histoire sacrée, la vie des saints. Parallèlement les manifestations profanes se déploient. Les données anthropologiques et historiques nous révèlent que l'aspect mystico-religieux ou magico-religieux de la marionnette est un phénomène commun à toutes les civilisations et que ce phénomène du sacré reste encore très vivace dans certaines régions du monde. Pour l'essentiel les marionnettes et l'art de leur manipulation se sont surtout développés en Asie et en Europe. Il est fascinant de constater que, partout où elles ont évolué, elles l'ont fait d'une manière très similaire. Tout d'abord, les marionnettes servent essentiellement à des fins religieuses. On s'en sert pour illustrer les mythes fondateurs de la religion. Plus tard, elles se sécularisent en racontant les exploits des héros légendaires. Elles finissent par se rapprocher de plus en plus du quotidien des gens, essentiellement par le biais de l'humour et de la fantaisie. Dans l'histoire des religions, tantôt elles sont marginalisées, pourchassées, voire interdites, tantôt elles ne quittent plus les temples à des fins de propagande. Vers la fin du 19e et au début de 20e, la remise en question des arts plastiques et l'intérêt que portent les peintres et les sculpteurs à la marionnette vont engendrer progressivement un nouveau langage plastique dans la quête des formes abstraites, entre les mains de Paul KLEE, Calder, Fernand LEGER etc.Les marionnettes font leur apparition au Théâtre d'Art et d'Action, théâtre expérimental lié au Bauhaus, de 1919 à 1933, lieu de réflexion où se développe l'usage des marionnettes comme expression théâtrale à part entière. Sergeï OBRAZTSOW, marionnettiste de l'école soviétique étudia dans les années vingt de nouvelles formes d'expression avec pour volonté de transposer et de styliser, dans le souci d'affirmer l'originalité de cet art.Avant d'aborder les fonctions de la marionnette, Il nous paraît indispensable de préciser sa nature et les formes qu'elle peut prendre. Nous parlerons tantôt de la marionnette objet, tantôt de la marionnette spectacle. Dans tous les cas, l'un ne va pas sans l'autre. II- Nature et Types de marionnettes1) Nature de la marionnetteEn France, le mot proviendrait du Moyen-Âge et désignerait à l'origine une petite poupée figurant la vierge Marie d'où le surnom de "petite Marie". Dans les autres pays d'Europe, on désigne les marionnettes sous des vocables qui signifient "poupée qui joue". Ainsi, en allemand, on les appelle puppe; en anglais, puppet pour tous les types, sauf la marionnette à fils qu'on appelle aussi marionnette; en espagnol, titere; et en italien, puppazi ou encore burattino ou fantoccino, selon qu'elles soient à gaine ou à fils.Le petit Larousse (éd. de 1996) définit la marionnette comme étant une "Petite figure de bois ou de carton qu'une personne cachée fait mouvoir avec la main ou grâce à des fils. " Cette définition nous semble restrictive dans la mesure où la marionnette peut être fabriquée avec des matières autres que le bois ou le carton et aussi par le fait que le manipulateur n'est pas toujours une personne cachée.Pour les praticiens, "... la marionnette est un objet mobile d'interprétation dramatique, en opposition avec l'automate et différent de la poupée-jouet, mû par l'intention du manipulateur..." (Alain RECOING). Quant au Pr R.D. BENSKY : "Une marionnette est, au sens propre, un objet mobile, non-dérivé, d'interprétation dramatique, mû soit visiblement, soit à l'aide de n'importe quel moyen inventé par son manipulateur. Son utilisation est l'occasion d'un jeu théâtral". Ces deux définitions considèrent non seulement les deux éléments essentiels que sont la mobilité et l'espace dramatique pour caractériser la marionnette (ce qui écarte poupées et automates) mais se gardent de fixer des limites quant aux matériaux utilisés pour les fabriquer ou sur la place du manipulateur. Elles nous paraissent de ce fait assez proches de la réalité de la marionnette aujourd'hui. La marionnette, en elle-même, se présente comme une figurine articulée que l'on peut manipuler directement, comme c'est le cas avec les marionnettes à gaine, ou indirectement à l'aide de fils ou de tiges. Pour être facilement manipulables, les marionnettes sont constituées de matériaux légers.
Initialement inerte, "sans vie", l'objet marionnette ne peut être confondu avec toutes les manifestations en rapport avec la matière vivante. Les mouvements induits par son animateur et l'interprétation qu'en fait son auditoire, lui attribuent son identité de marionnette en tant que telle ; elle perd alors sa neutralité originelle d'objet.2) Types de marionnettesLes marionnettes peuvent être reparties en plusieurs groupes selon leurs formes ou leurs typologies. On parle alors des marionnettes à gaine, à tringle, à fil, à tige, de marottes etc. Elles peuvent être en plastic, en bois, en papier, en polystyrène ou même en fer.Les marionnettes à gaine : type où le manipulateur insère sa main dans le corps creux de la marionnette et qui se joue en principe derrière un castelet.Les marionnettes à contrôle : à tiges ou baguettes type marionnettes de Bunraku. Manipulée par plusieurs manipulateurs à l'aide de contrôles fixés sur différentes parties du corps de la marionnette (bras, jambes et tête) et qui se joue à vue, ou en théâtre noir (les manipulateurs sont tout de noir vêtus et la marionnette est éclairée par un couloir de lumière : le public ne voit pas les manipulateurs et cela confère un aspect magique au déplacement des marionnettes).Les marionnettes à fil : les figurines sont suspendues à des fils par plusieurs points d'attache (notamment au niveau des bras et des jambes). Le manipulateur peut ainsi leur donner vie par des mouvements en apparence très simples, mais qui nécessitent une véritable connaissance du métier.Les marionnettes à tringle : les marionnettes à tigesLes marionnettes animatroniques : ce sont des marionnettes commandées par des cervo- moteurs et une télécommande. Elles sont surtout utilisées dans le cinéma pour les effets spéciaux. Les marottes : il s'agit de marionnettes qui sont fixées sur un bout de bois.La marionnette portée : elles sont portées par le marionnettiste. Le corps du marionnettiste se trouve à l'intérieur du corps de la marionnette qui est fixée sur la tête ou au dos du marionnettiste.Le théâtre d'objets : Là il est question d'un montage à partir d'objets de récupération industrielle qui sont détournés de leur fonction pour en faire des personnages. Les objets sont plus ou moins transformés ou assemblés.Le théâtre de papier : ce sont des marionnettes de formes plates ressemblant à de la Bande Dessinée, inspirées des maquettes de décors.Le théâtre d'ombre : Forme artistique utilisant des marionnettes dont on ne voit que les ombres projetées sur un écran grâce à une lumière.
Les divers modes d'utilisation de la marionnette font qu'elle déborde du cadre de la représentation scénique traditionnelle pour se retrouver au cinéma ou à la télévision. Il n'est pas superflu de signaler en passant que des programmes télévisuels utilisant des marionnettes sont quotidiennement diffusés dans de nombreux pays. Ce genre d'émission permet de représenter et de caricaturer des personnalités politiques ou du monde des affaires. C'est le cas de l'émission : "Les Guignols " en France. Le cinéma également a énormément profité de l'art de la marionnette pour créer de fortes illusions : King Kong, Jerassic Parc... ont fait appel aux marionnettes.En matière de choix de type de marionnette, il n'existe pas de loi sacro sainte. Chaque constructeur, chaque manipulateur peut trouver sa voie ou sa vérité. En effet, " le type de poupées importe peu ; ce qui compte, c'est comment les poupées seront utilisées " étant entendu que celles-ci doivent constituer des outils d'expression forts. Mais retenons que la marionnette s'exprime par son apparence, sa forme, ses couleurs et ses gestes si bien que la façon dont elle a été fabriquée, peinte ou vêtue renseigne énormément sur ce qu'elle pourrait faire ou permettre de faire.
III- Différentes fonctions
1) fonction ludique
La marionnette est devenue avec le temps un objet profane destiné à des spectacles dont un des objectifs est le divertissement. La marionnette est un objet neutre, inanimé qui prend forme avec l'animation faite par le manipulateur ; animation qui lui donne ainsi vie et existence. C'est le jeu qui fait la marionnette et non pas l'objet matériel, inerte. Mais le mouvement, pour être juste, doit avoir un sens car une marionnette prend vie non pas par le mouvement lui-même mais plutôt par ce qu'elle montre, c'est à dire la raison de ce mouvement.
La fonction ludique de la marionnette fait que dans certains milieux elle est considérée comme étant exclusivement destinée aux enfants. Elle est ainsi confondue aux spectacles pour enfants. Ce qui constitue une grande méprise quand on sait que la marionnette peut s'adresser à tout public. Au cours du Festival International de Théâtre et de Marionnettes de Ouagadougou (FITMO) 2005, il nous a été donné l'occasion de voir un spectacle intitulé " Afrodite ", totalement réservé aux adultes. Mais dans tous les cas la marionnette cherche à plaire, à distraire tout en communiquant un message. La fonction ludique de la marionnette est permanente et accompagne toutes les autres fonctions qu'elle pourrait remplir. La relation de la marionnette avec le public est le plus souvent une interaction autour du jeu. La marionnette est un objet fascinant et magique capable de créer l'illusion et de procurer du plaisir au spectateur. Comme le dit A.C. Gervais. " Le jeu de la marionnette se situe dans l'illusion, il exige une puissance créatrice, une faculté de transposition, de transfiguration ". Ainsi, mise à part l'obligation faite au spectateur d'adhérer au système de conventions esthétiques spécifiques au jeu de marionnettes lui permettant "d'être dans le jeu", les marionnettes animées produisent de véritables effets psychologiques sur leur auditoire. L'humour et la fantaisie ont toujours été les ressources utilisées pour communiquer efficacement avec le public, qu'il soit jeune ou non.

2) fonction culturelle
La marionnette est avant tout un art culturel. Qu'elle soit issue des traditions ou du spectacle moderne, la marionnette véhicule une culture, une vision du monde que l'on cherche à partager par la communication et le spectacle. Il est souvent possible de situer, à partir de certains traits caractéristiques, les origines de certaines marionnettes. La marionnette, à l'image du théâtre, constitue un moyen de développement culturel. Source et véhicule de l'Histoire, elle peut être révélatrice des richesses culturelles d'un peuple, d'une communauté. La marionnette africaine est nourrie aux sources de la culture africaine. Elle puise le plus souvent ses thèmes des contes, mythes et légendes qui font la force de cette culture. Dans un continent où les différentes communautés se distinguent par leurs richesses culturelles (rites, danses, chants, griots, funérailles, masques, art vestimentaire, l'esthétique etc.), l'art de la marionnette se présente non seulement comme un moyens de sauvegarde mais aussi de valorisation de cette " mine inépuisable" qu'est le fonds culturel africain.

3) fonction de médiation
Qu'elle soit sacrée ou profane, la marionnette se situe dans une position de médiation soit entre l'humain et les divinités ou entre les hommes. Elle crée une occasion de communion en favorisant la rencontre entre les hommes ou entre ceux-ci et les dieux. A l'école, la marionnette se présente comme un intermédiaire entre l'enfant et l'adulte ou entre l'élève et ses camarades. La charge affective qu'elle regorge devient alors un réel médiateur de langage. Elle va ainsi fasciner les enfants qui trouveront du plaisir à participer aux échanges oraux dans la classe. Il est donc nécessaire que soit mis en place des situations ludiques. La marionnette peut alors, de par son rôle de médiateur, créer cette distance nécessaire entre l'enseignant et les élèves. Les enfants, motivés face à la marionnette, vont alors s'appliquer dans les échanges interactifs. Dans ce contexte attrayant d'interaction, les enfants vont devenir de réels acteurs dans le système de communication et vont petit à petit développer leurs compétences langagières. A ce propos, plusieurs pédagogues privilégient les moments de communications orales motivés par un projet social (situations dites fonctionnelles) où l'objectif est de s'écouter, de s'affirmer entre enfants ou entre enfants et enseignants, plutôt que des moments de langage programmés. La marionnette remplit une fonction pédagogique.4) fonction pédagogique La marionnette intervient dans le développement de la personnalité de l'individu en permettant à l'enfant de disposer d'un cadre dans lequel peut se construire un apprentissage interactif : une interaction entre l'enfant, la marionnette et le marionnettiste d'une part et d'autre part entre l'enfant et ses camarades. Mais c'est surtout dans l'apprentissage du langage que s'exprime cette action assurée par des adultes ou même par des enfants. Le langage se présente comme un acte qui permet à l'enfant d'agir sur le monde et sur autrui. L'acquisition du langage chez un enfant résulterait dit-on, essentiellement de stimulants extérieurs que constituent les différents langages de son entourage. Considéré sous cet angle, la marionnette a une fonction pédagogique indéniable à remplir dans le processus d'acquisition des compétences de langage. Son utilisation peut permettre à l'enseignant de faire évoluer aisément et avec plaisir ses élèves vers l'atteinte des objectifs de l'expression écrite et orale qui sont entre autres : raconter, décrire et argumenter. Les compétences à acquérir doivent conduire à " la maîtrise de la langue ". Cette démarche permet bien d'inscrire l'action pédagogique dans la perspective des centres d'intérêt de DECLORY qui souhaite que " l'on s'efforce de faire vivre l'enfant, de le faire devenir un homme " en lui permettant d'"apprendre à observer avec précision les faits naturels les plus importants, apprendre à tirer de l'observation des concepts, favoriser l'extériorisation de ce que ces concepts déterminent ". La marionnette s'est toujours révélée être un fabuleux moyen de communication même dans les situations les plus difficiles. Elle permet de briser des barrières linguistiques ou culturelles pour créer des échanges fructueux. Nous avons eu à expérimenter cette réalité au cours d'un séjour en Allemagne en 1994 avec des élèves du lycée de Boppard. Invité par leur professeur à nous entretenir avec eux, nous avons été très rapidement bloqué par la barrière linguistique (nous ne maîtrisions pas l'allemand). Nous avons alors proposé aux élèves de fabriquer des marionnettes. En moins de deux heures, les marionnettes étaient prêtes et des équipes étaient formées. Il s'agissait alors pour chaque groupe de proposer une situation de communication. Une multitudes d'histoires aussi passionnantes les unes que les autres défilèrent sous nos yeux. Cette expérience, nous l'avons renouvelée en 1995 au cours d'un séjour à Vouneuil-sur-Vienne en France. Avec des élèves du cours d'art plastique, nous avons fabriqué des marionnettes et procédé à leur manipulation. Cette fois nous avions l'avantage de partager avec les élèves la langue mais comme toujours, les premiers contacts restèrent courtois avec les mêmes questions -clichées sur le climat en Afrique, le nombre d'élèves par classe, l'émigration etc. Mais dès que nous avons engagé le travail d'atelier de construction, l'ambiance s'était vite détendue et déjà les échanges devenaient plus riches. Une autre expérience que nous avons menée au Burkina Faso et que nous pouvons évoquer au passage, est l'utilisation de la marionnette à l'école pour l'étude du dialogue. Nous l'avons expérimentée en classe de 6e et nous avons pu constater au terme de cette expérience que non seulement les élèves avaient acquis une bonne connaissance des contenus mais également des formes et des procédés.
La marionnette peut être un moyen efficace pour permettre aux élèves de percevoir les subtilités langagières et de développer ainsi leurs compétences de communication. L'utilisation de la marionnette à l'école peut couvrir des champs d'activités diverses et variées pour peu que nous nous montrions plus inventifs. A un moment où les systèmes d'enseignement africains valsent entre reformes et refondations, dans un contexte où de vives polémiques s'élèvent sur la qualité des apprentissages scolaires, notamment dans l'acquisition des compétences communicationnelles, nous pensons que la marionnette pourrait, au regard de sa fonction et de ses potentialités pédagogiques, être un art à privilégier pour faciliter les interactions et susciter le désir de parler chez les jeunes apprenants. Cependant, il convient de préciser que l'utilité de la marionnette n'est pas seulement une réalité scolaire. Dans la vie courante, en Afrique, la marionnette devient de plus en plus un moyen de sensibilisation et une arme de lutte contre les injustices sociales. Elle devient alors un outil d'intervention sociale.

5) fonction d'intervention sociale
Au Burkina Faso, les troupes de marionnettes se sont engagées à l'instar des troupes de théâtre dans une action de sensibilisation des populations sur les questions de santé, d'éducation et de promotion des droits humains. C'est dans cette logique qu'une troupe comme Les enfants du Wisga de Désiré YAMEOGO a apporté son appui à l'action menée par l'Association des Femmes Africaines face au Sida (AFASI) en 2005 sur le thème de la " communication parentale et santé de la reproduction chez les jeunes ". Comme l'écrit le journal Sidwaya, " Ils ont ainsi appris des outils et des moyens de communiquer avec leurs parents sur un sujet toujours considéré comme tabou sous nos tropiques : la sexualité. Basés sur la marionnette, ces outils et moyens se seraient révélés d'une grande efficacité dans la pratique en dépit du fait que nombre de jeunes la découvraient pour la première fois. " Désiré YAMEOGO explique cela en ces termes :"La marionnette dégage une telle puissance, une magie inégalable dans la transmission d'émotions, de sensations, de vérités qu'un acteur ordinaire aurait du mal à dire en ramassé", Au journaliste de conclure qu' " Une démonstration concrète lors de la cérémonie de clôture achèvera de prouver que l'art du fil peut encore plus qu'on ne le pense. Non seulement les adolescents touchaient de la marionnette, mais l'utilisaient avec une telle dextérité pour résumer l'essentiel du contenu de leur formation. Assurément, ils ont là une puissante arme pour désormais, bien parler avec leurs parents. Une arme qui leur permet de se maîtriser, d'informer, de dialoguer et d'improviser, si besoin en était, pour attendre le moment propice à une communication mutuellement avantageuse dans la famille. "
Cette utilisation de la marionnette à des fins didactiques est également une réalité dans des pays comme le mali, le Togo, le Bénin et le Kenya. En effet au Kenya, Les marionnettes jouent un rôle social si important que les autorités leur font appel pour monter des pièces ayant pour thème les maux de la société. Cheriff Manguro, de la communauté CHAPS (Community health awareness puppeteers), une association basée à Nairobi qui assure l'éducation de la population dans le domaine socio- culturel grâce à la marionnette reconnaît qu'il leur a fallu se battre pour briser les idées préconçues et toucher un public au départ sceptique. Une fois cette notion intégrée, les Kenyans sont devenus fans de ces spectacles où les tabous les plus lourds disparaissent : " Le sexe est très tabou. Mais devant les marionnettistes les interdits n'existent plus. Ils n'hésitent pas à parler des sujets qui fâchent. L'auditoire n'est pas gêné et n'y voit aucun inconvénient. Parce que pour eux, c'est la marionnette qui s'exprime, pas celui qui l'anime ". C'est cette liberté qui fait des " poupées vivantes " des messagères de règles élémentaires pour mieux vivre le quotidien. Elles disséminent la bonne parole, informent sur des nouveaux concepts ou de nouvelles institutions. Avec le précieux avantage de n'offusquer personne. " Sur des sujets comme la lutte contre l'excision, on ne peut pas aller voir les populations à risque, présenter les dangers de cette tradition et demander son interdiction sans susciter l'incompréhension. Ce qui n'est pas le cas avec les marionnettes " confessent les responsables du ministère de la culture kenyan.Dans la capitale du Mali, il existe un atelier institutionnel qui use des marionnettes comme moyen thérapeutique auprès des enfants présentant un handicap moteur ou mental. Cette fonction thérapeutique de la marionnette est également une réalité au Togo comme au Bénin où la marionnette est souvent utilisée pour amener les enfants ayant des déficiences mentales à s'exprimer. Des pratiques semblables existent également au niveau de certaines cultures traditionnelles africaines. Au Togo par exemple, dans certains milieux sociaux, lorsqu'une mère de jumeaux vient à perdre un de ses jumeaux, il lui est confectionné une marionnette en lieu et place du disparu. Cette marionnette aura droit à tous les égards dus au fils disparu et aux mêmes traitements que ceux qui seront réservés à son frère vivant (même au mariage). Cela contribue à amoindrir la douleur de la mère et à maintenir un certain équilibre social. En Afrique, les liens que les hommes entretiennent avec les marionnettes ont été et demeurent encore très forts. Au-delà de ces formes d'intervention sociale par la marionnette, les créations des marionnettistes africains abordent toujours une thématique sociopolitique. Tantôt utilisées à des fins politiques ou religieuses, tantôt échappant aux mains du pouvoir, les marionnettes se définissent comme un exutoire des malaises sociaux sur la place publique, campant des héros populaires nés indépendants et révoltés, attaquant sans vergogne les institutions et le pouvoir en place. Les pièces comme Zazou le Flic de la Compagnie du Fil de Athanase KABRE, Scandale dans le rayaume de la Compagnie Evaglo du Togo, le Baptême du lionceau de la Troupe Sogolon du Mali, Le Sida nous concerne de la Compagnie Ndambaka du Togo/RDC en sont des illustrations.Les différentes fonctions qu'elle remplit montrent clairement que la marionnette est bel et bien un outil social au service du développement : développement de l'individu et de la collectivité. L'art de la marionnette constitue non seulement un moyen d'éducation et de formation, mais aussi une occasion propice à l'instauration d'une communication sociale véritable, base de tout développement endogène. Il est donc indispensable que les hommes de culture et particulièrement les marionnettistes s'investissent pour sa réelle promotion en Afrique.
IV- Les voies d'une promotion de la marionnette en Afrique
Notre propos ne laisse aucun doute sur la valeur qui mérite d'être accordée à la marionnette en tant qu'objet artistique et outil social. Cependant, la question légitime qui se pose est la suivante : comment assurer la vitalité de l'art de la marionnette en Afrique ? Pour nous, trois actions devraient être envisagées de façon simultanée et continue : la formation, la création et la diffusion des œuvres en Afrique et hors du continent.

1) la formation
Un réel développement de la marionnette en Afrique passe par une politique cohérente de formation. Si les premières troupes se sont structurées autour de manipulateurs formés sur le tas, il est nécessaire de nos jours que les marionnettistes africains de la jeune génération puissent bénéficier non seulement de l'expérience pratique de leurs aînés mais aussi d'une formation de base théorique et pratique sur la marionnette. A notre connaissance, il n'existe pas dans la Sous -région Ouest africaine de structures de formation pour les marionnettistes. Jusque -là, tout se fait au niveau des troupes écoles, qui, bien que volontaires, ne disposent pas toujours des moyens nécessaires pour une formation complète ; à cela s'ajoute le fait qu'elles sont soumises aux impératifs de créations et au respect de certains engagements qui ne vont pas toujours de paire avec la formation.

2) la création et la diffusion de la marionnette africaine
La vitalité de la marionnette africaine sera fonction de sa capacité de création et de diffusion à l'intérieur du continent mais aussi hors de l'Afrique. Bien que les créations ne nécessitent pas des moyens particulièrement importants, les créateurs africains de spectacles de marionnettes rencontrent des difficultés pour mobiliser les fonds nécessaires à la création et à la diffusion de leurs oeuvres. Comme l'écrit Habibou BANGRE à propos de l'expérience kenyanne " Si la méthode [l'utilisation de la marionnette] se révèle efficace en terme de sensibilisation, les animateurs de " poupées " peinent à pérenniser leur action par manque de moyens ". Mais il convient de préciser que les difficultés que rencontrent les marionnettistes africains ne sont pas uniquement liées à l'insuffisance des moyens. Parfois, certaines pesanteurs socioculturelles constituent de véritables obstacles difficiles à surmonter.
Le développement des festivals accueillant la marionnette en Afrique se présente comme une opportunité pour les créateurs de pouvoir rencontrer des publics de divers milieux pour promouvoir leur art. En dehors de ces cadres comme le festival Bijini-Bijini de Niamey ou le FITMO de Ouagadougou, ce sont les commandes occasionnelles des écoles ou des organisations de développement, qui assurent à la marionnette les moyens de sa survie. Il serait souhaitable que les échanges de ce jour conduisent à des actions dans le sens de l'adoption d'une plate forme de développement de la marionnette africaine et vers un renforcement des structures et cadres d'expression existants. Les efforts d'organisation des marionnettistes au niveau des différents pays et l'affiliation de certains de ces pays à l' UNion Internationale de la Marionnette (UNIMA) sont salutaires et pourraient constituer des pas importants dans la bonne direction. En tout état de cause, il est indéniable que la marionnette africaine a besoin d'une véritable politique de promotion qui lui offrirait les possibilités d'un développement harmonieux.

Conclusion
Nous voulons, en guise de conclusion, dire tout simplement que la marionnette est un art multidimensionnel et universel. Elle est un puissant outil social au service du développement. En agissant dans le sens du rayonnement de la marionnette africaine, nous offrons au continent noir un moyen culturel supplémentaire pour renforcer sa contribution à l'édification d'une réelle civilisation de l'universel.







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